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Historique de Caderousse

Historique de Caderousse

Construit sur les bords d’une ancienne boucle du Rhône, à 6 kilomètres d’Orange la romaine, au cœur de la riche plaine comtadine, à deux pas des vignobles de Chateauneuf du pape, le village de CADEROUSSE apparaît comme une île.

La proximité du Rhône a contraint les habitants à vivre souvent au rythme de ses caprices. Des digues ont embrassé le village, ce qui n’a pas empêché de vivre en barque ou les pieds dans l’eau plus d’une fois.

Depuis 1975, un barrage et une écluse ont été aménagés par la Compagnie Nationale du Rhône, mettant le village à l’abri des inondations, revalorisant des terres très fertiles (Melons, tomates, vergers, cultures maraîchères, vignes).

Caderousse, village insulaire et paisible conserve de nombreux témoignages de son riche passé historique et notamment sa digue unique du XIX e siècle entourant le cœur du village.

Les traditions y sont vivaces, dont la langue provençale bien vivante.

blason mairie Caderousse

Les armoiries sont « De gueules à deux clefs d’or en sautoir ».Les deux clefs d’or correspondent aux armoiries du comtat Venaissin.

L’interprétation du K et du A restent toujours énigmatiques.

Il s’agit probablement du grec Kyrios signifiant seigneur et A pour Ancezune famille noble existant depuis le XI e siècle. Ces armoiries existent au moins depuis 1592.

HISTORIQUE

Caderousse tire son nom de sa position géographique. Situé autrefois à l’embouchure de l’Aygues (L’Araus à l’époque romaine qui donna son nom à Arausio) CAD-ARAUS « chute de l’Aygues » est devenu CADAROSSA en 1060 puis CADEROUSSE en 1472. C’est probablement dans les environs de Caderousse qu’ANNIBAL franchit le Rhône en 218 av-J.C, accompagné de son armée et de ses légendaires éléphants.

            De l’époque romaine, le Rhône a effacé toute trace, si ce n’est un médaillon de pierre représentant un Jupiter Cornutus qui aurait été trouvé à l’emplacement d’un ancien temple païen sur lequel on construisit au XI e siècle la chapelle romane de St MARTIN.

tete-de-jupiter-ammon caderousse

Existait-il un habitat à cette époque antique ? On ne peut l’affirmer avec certitude, mais on peut raisonnablement penser qu’à une époque où l’essentiel du transport se faisait par voie d’eau, un port ou un habitat lacustre devait exister au confluent du Rhône et de l’Aygues
            Après la chute de l’empire romain nous entrons dans la nuit des grandes invasions. Que devient Caderousse à cette époque ? Mystère. L’histoire de cette longue période est complexe et n’a laissé aucun documents, ni archives sur Caderousse.
            L’existence de trois monuments : La chapelle St MARTIN du cimetière, l’église st MICHEL avec son chœur roman, et le Château vieux des d’ANCEZUNE situé au centre du village, montre qu’aux environs de l’an mille, Caderousse était déjà un bourg important.
            Il est fort probable que ce furent des moines bénédictins, notamment ceux de l’abbaye de Montmajour, qui auraient remis Caderousse en valeur, en asséchant les nombreux marécages et que la ferme de St TROPHIME, bâtie sur une chapelle romane marquerait l’emplacement d’une première abbaye bénédictine.

 

Partie intégrante du comtat Venaissin, Caderousse en a suivi l’évolution politique. D’abord fief d’Empire il fut cédé au Souverain Pontife au début du XIIIe siècle, redevint terre d’Empire sous la domination de Raymond VII, comte de Toulouse, et finalement en 1273, repassa sous l’autorité des papes. Pendant 520 ans, et jusqu’à la réunion du Comtat à la France en 1792, Caderousse a été terre papale. Elle formait assez inconfortablement d’ailleurs, une enclave du Comtat dans la Principauté d’ORANGE.
 

            A partir de 1560, Caderousse connut les troubles des guerres de religion, mais se défendit si bien que les incursions protestantes se heurtèrent à la foi et à la résistance d’un village fidèle au pape. Bon nombre de catholiques d’Orange et d’ailleurs vinrent s’y réfugier.
            Le bourg fut érigé en duché par bulle pontificale du 18 Septembre 1663 en faveur de Just Joseph d’ANCEZUNE CADART, aide de camp de LOUIS XIV. Puis il passa en héritage aux GRAMMONT, qui prirent le nom de Caderousse (1768). FRANCOIS Ier, CHARLES IV, HENRI III et St FRANCOIS de SALLES séjournèrent au Château des d’ANCEZUNE ou Château-vieux.

 

            Cette fidélité au Pape fut quelque peu ébranlée en 1709, quand la famine s’installa en AVIGNON.

CADEROUSSE regorgeait de blé, et le vice-légat d’AVIGNON leur en réclama. En vain! Devant tant d’insolence, une armée se dirigea vers CADEROUSSE, pour chercher le précieux blé. Le siège de la ville fut de courte durée, les habitants se résignèrent et les avignonnais firent main basse sur leur butin après quelques jours d’occupation. Ce siège de CADEROUSSE fut surtout rendu célèbre par le récit héroï-comique en provençal qu’en fit l’abbé Fabre, prêtre et poète languedocien

Instruit par le duc d’ANCEZUNE de cette triste affaire, le pape Clément VI ordonna en Juillet 1710, qu’on répara tous les dommages matériels et moraux causés à CADEROUSSE. Les responsables du « Siège de CADEROUSSE » furent même déchus de leurs fonctions.

couverture première siege caderousse

L’administration municipale au temps des papes était à CADEROUSSE assez complexe, répartie qu’elle était entre trois juridictions qui se partageaient également le territoire: juridiction pontificale, juridiction seigneuriale et juridiction rurale ou des coseigneurs. La juridiction seigneuriale appartenait dès 1080 à la maison des d’ANCEZUNE qui resta 700 ans à CADEROUSSE.

            Au XVIII e siècle il n’existait plus que deux coseigneurs: le Duc de GRAMMONT-CADEROUSSE et le marquis DE FORTIA D’URBAN. Ce dernier vendit en 1768 ses droits aux GRAMMONT (Le château restauré se trouve sur la place de l’église).La famille des GRAMMONT  et en même temps le Duché de CADEROUSSE prirent fin avec LUDOVIC EMMANUEL surnommé « Le Duc des Halles » célèbre pour ses folies mondaines qui mourut célibataire en 1868.

 

            CADEROUSSE n’avait pas jusqu’au milieu du XVIIIe siècle l’appellation honorifique de Ville et ses habitants s’en offusquaient. Suite à une requête en 1752 appuyée par le dernier des d’ANCEZUNE Joseph André qui avait épousé la fille de COLBERT cette requête aboutit le 25 Février 1753 et CADEROUSSE fut  promue au rang de Ville.

 

            En 1792, après 520 ans d’obéissance au pape, les Caderoussiens votèrent avec l’assemblée constituante l’annexion du Comtat Venaissin à la FRANCE. Ils connurent alors aussi les mauvais cotés de la Révolution qui éclata avec son cortège d’exécutions sanglantes. CADEROUSSE ne fut pas épargné avec une vingtaine de victimes dont une religieuse Suzanne Agathe DE LOYE du couvent des Bénédictines (Couvent encore visible au nord de l’église St MICHEL). Elle fut enterrée avec 300 autres victimes de la région à la Chapelle de Gabet au nord de CADEROUSSE sur le territoire d’ORANGE.

CADEROUSSE « village religieux » comptait avant la révolution 3500 habitants et une dizaine de chapelles.

 

            On ne saurait parler de l’histoire de CADEROUSSE, sans évoquer les inondations du Rhône, qui ont façonné le territoire, mais aussi l’habitat et la vie quotidienne de ses habitants.

La première inondation connue date de 1471. Le niveau en fut sculpté sur un pilier de la chapelle des Ducs, chef d’œuvre de l’architecture gothique dont l’origine remonte à 1446 (Elle fut agrandie et embellie en 1527, telle qu’on peut la voir).

On note dans les archives parmi les inondations remarquables, celles de 1573, 1614, 1710, 1713, 1755,

1826 et 1856 dont les niveaux sont repérés sur la façade de l’Hôtel de Ville construit en 1752.

C’est à la suite de l’inondation de 1856, l’une des plus fortes que l’on construisit la digue actuelle qui entoure le village.

 

            Le territoire de CADEROUSSE, fertilisé par les alluvions du Rhône, a toujours eu une réputation de richesse: ce fut longtemps un des greniers à blé du Comtat. L’élevage des vers à soie y était particulièrement florissant, ainsi  que la culture du figuier et au XIXe siècle de la garance. Les oseraies du Rhône avaient également développé un important artisanat de vannerie. La culture des céréales occupait alors une grande place, comme aussi celle du millet qui a donné naissance à la fabrication des balais dont CADEROUSSE fut un centre important.

A une époque où la culture et l’artisanat non encore mécanisés, réclamaient une abondante main d’œuvre, CADEROUSSE était relativement très peuplé, de l’ordre de 4000 habitants sous la révolution et antérieurement, ce qui la classait dans les dix premières villes du Comtat. Les trafics routiers et fluviaux en faisaient un lieu de passage très fréquenté : Il y avait une dizaine d’auberges à CADEROUSSE, sans compter les auberges relais de halage sur les bords du Rhône.

La mécanisation qui réduisit les besoins de main d’œuvre, la voie ferrée et la nationale 7 qui détournèrent le trafic, l’impossibilité à cause des inondations de pratiquer les cultures maraîchères, ainsi que les deux guerres ont contribué à dépeupler progressivement CADEROUSSE.

            En février 1942, CADEROUSSE est témoin d’un grand moment dans l’histoire de la France. En effet Jean MOULIN, premier résistant de FRANCE, Raymond FASSIN, et un jeune opérateur radio de 21 ans  Hervé MONTJARET, reviennent d’Angleterre et ont été parachutés un mois plus tôt dans les Alpilles, ainsi qu’un précieux poste de radio. Ce poste sera installé dans le grenier du presbytère de CADEROUSSE (L’ancien couvent des bénédictines) avec la complicité de l’abbé MIRAL, alors curé de CADEROUSSE.

            Hervé MONTJARET raconte sa première émission vers Londres « …Je ne sais comment traduire ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Ce fut un grand moment de ma vie! A plus de 1000 kilomètres quelqu’un m’entendait et j’allais pouvoir dire à ceux de là-haut ce qui se passait dans notre souterrain. »

Ces émissions clandestines cessèrent en Mai 1942, les habitants étant intrigués par les allées et venues du jeune opérateur radio.

 

            Si le France était libérée quelques années plus tard, CADEROUSSE restait toujours malgré ses digues sous la domination du Rhône et la vie y était difficile. Ce n’est qu’en 1975 que la Compagnie Nationale du Rhône achevait les travaux de construction d’un barrage et d’une usine hydroélectrique. Le Rhône ainsi canalisé n’inquiète plus CADEROUSSE et on lui pardonne volontiers aujourd’hui ses caprices puisqu’il a laissé des terres très fertiles et la manne non négligeable de la fée « Electricité » qui ont contribué à sa prospérité actuelle.