Le château d’Ancezune
Caderousse possédait trois châteaux. Le premier en date est le Château-Vieux, dans la rue à laquelle il a donné son nom. L’abbé Berbiguier écrit dans son Mémoire : « Guillaume d’Ancezune était venu d’Allemagne en 1080. Il habita alors le château qui occupait un immense local, au centre de Caderousse et qui a été aliéné entre 1775 et 1776 à divers particuliers, entre les mains desquels il a été métamorphosé de fond en comble. Hélas ! Quelle lamentable métamorphose Il est impossible après tout le vandalisme dont il a été la victime d‘en dresser un plan à peu près, bien que, par l’imagination on essaie de le débarrasser de toutes les constructions subséquentes, élevées au petit bonheur par des maçons de fortune. Ce qui reste de ce monument porte la trace de trois époques : du XI e, du XIII e et du XV e siècle. La façade, sans caractère, d’une vingtaine de mètres, environ, de longueur, est percée au rez-de-chaussée, d’une grande porte d‘entrée au linteau lourd et massif couronné d’une archivolte. Au premier étage, d’immenses baies dont on perçoit encore les encadrements en pierres de taille rasées à fleur de mur. Elle est flanquée, à gauche d’une tour principale, peut-être le donjon, qui n’a plus que la moitié de sa hauteur première. La porte d’entrée s’ouvrait sous une voûte à arc surbaissé, et donnait accès sur la cour intérieure. A gauche de la cour le château proprement dit ; à droite les communs et les écuries. Le vestibule du rez-de-chaussée était voûté en arêtes ; ce devait être un travail de toute beauté ; ce qui en reste, du pur Xe siècle, mériterait d’être conservé avec jalousie. La cage d’escalier et les marches elles-mêmes ont résisté aux coups des démolisseurs ; elles sont à voir.
Au premier étage, dans une chambre historique, se trouve une cheminée monumentale qui porte un blason, celui d’Ancezune sans doute mais on ne peut l’affirmer, car on n’aperçoit plus que l’écu.
Enfin, au-dessus des toits court un chemin de ronde, soutenu par des modillons, qui conduisait à une tour entièrement démolie, et qui pouvait bien être le beffroi. C’est dans ce château que les d’Ancezune séjournèrent six siècles durant, lorsqu’ils n’étaient pas dans leurs terres du Thor et d’autres lieux ; c’est dans ce château qu’ils reçurent des hôtes illustres, parmi lesquels le roi François I”. Les archives que Berbiguier n‘a fait que résumer, mentionnent l’arrivée du roi de France à Caderousse le 9 août 1524. Il était accompagné du duc d’Alençon et de 2.000 fantassins ou cavaliers. Il séjourna 13 jours dans le pays, pour y attendre les troupes qui lui arrivaient de tous côtés. Il était logé au Vieux Château et occupait la chambre historique, à la cheminée monumentale. Le duc d’Alençon était logé chez le coseigneur Alain Reynaudi, en face, de l’autre côté de la rue .
Le 10 Janvier 1575 Henri III, roi de France et de Pologne, venant d’Avignon, faisait son entrée à Caderousse, escorté par trois compagnies de chevaux légers pontificaux, cinquante arquebusiers, sous le commandement de M. d’Aubres, du capitaine Caumont et de l’enseigne comte de Villeclaire. Henri III coucha au Château-Vieux, et le lendemain il quittait Caderousse pour Pierrelatte et Romans
Louis XIII, à son retour du siège de Montpellier s’arrêta à Avignon le 16 Novembre 1622. Le Duc de Savoie, accompagné de Saint François de Sales l’y attendait. Louis XIII assista à la messe dans l’église Saint-Louis. Les Jésuites, sans aucun doute, firent au monarque l’éloge de leur insigne bienfaitrice ; aussi le roi et sa suite remontant à Lyon, firent halte à Caderousse du 19 au 20 Novembre. Tandis que le roi et le duc étaient logés dans le château de la baronne, saint François de Sales, et quelques gentilshommes furent reçus au Château-Vieux.
« Or voici ce que raconte la tradition : « Le soir venu, les personnages de la suite du roi de France et du duc de Savoie prirent part aux réjouissances bruyantes, organisées selon les goûts du pays François de Sales à l’insu de tous, réussit à se réfugier sous les combles du château, où il put se livrer en paix à son attrait de la prière et à son amour pour la mortification. Il s’endormit, ensuite sur le sol, vaincu par le sommeil et la fatigue ».
Lorsque le lendemain, on s’inquiéta s’il avait passé une bonne nuit, le bienheureux répondit en souriant : « C’est la meilleure nuit que j’aie passé sur la terre ! Un mois et quelques jours plus tard, François allait au ciel recevoir la récompense de ses héroïques vertus ». D’après l’abbé Blanc.
Parmi les hôtes illustres du Château-Vieux, on peut citer encore le vice-légat Mgr Philippe Philonardi, en l’année 1606. Ce prélat était en villégiature chez le baron du Barroux, près Malaucène. Caderousse lui députa un sieur Bérard, pour lui manifester le grand désir que ses habitants avaient d’être honorés de sa visite. Le vice-légat se laissa toucher. Il vint, et Caderousse lui fit une réception triomphale.
Une nouvelle restauration du château a été entreprise il y a quelques années par un particulier.